Actuellement en Haiti, le matériau de construction le plus utilisé est le béton armé (ie acier et béton). Le béton a une bonne résitance en compression (environ 25 MPa), mais une très mauvaise résistance à la traction. De ce fait, il ne peut pas être utilisé seul pour construire comme nous le voulons. On a fait donc appel à l’acier qui est un alliage de fer et de carbone, et qui offre une meilleure résistance et en compression et en traction (400 MPa pour un certain type). En assemblant ces deux matériaux, on obtient le béton armé. Le problème est que l’acier est relativement cher parce qu’il doit être manufacturé. Et pourtant, il existe un matériau naturel offrant une meilleure résistance en compression que le béton, et à peu près la même résistance en traction que l’acier: le bambou. L’utiliser en Haiti serait le plus grand bien. Il offre des bénéfices sur le plan technique, sur le plan écologique, et sur le plan économique. Alors, chers lecteurs, mon domaine étant les structures en génie civil, je vais partager avec vous les avantages du bambou sur le plan technique.
Le bambou a une bonne résistance face aux tremblements de terre. Premièrement, sa section transversale vide comme un anneau lui donne un poids léger tout en gardant un grand moment d’inertie. Un poids léger est extrêmement important en génie parasismique car les charges sismiques dependent du poids propre du bâtiment. Le bambou est aussi un matériau très flexible, ce qui lui permet d’absorber mieux les ondes sismiques sans se briser. Quand un matériau n’est pas flexible (se dit rigide en language technique), il s’eclate plus facilement face aux ondes sismisques à cause des concentrations de contraintes. Troisièmement, le bambou offre une résistance au flambage. Le flambage est l’instabilité au sein d’une structure en compression causée par une charge inférieure à sa résistance en compression. En cas de tremblement de terre, les poteaux ont tendance à périr par flambage. Les noeuds logitudinaux du bamboo lui donnent tout naturellement une résistance face au flambage. Le bambou représenterait donc un espoir pour Haiti.
La résistance face aux séismes du bamboo n’est pas seulement une théorie. En 1991, à Costa Rica, 20 maisons ont résisté à un tremblement de terre alors qu’elles étaient près de son épicentre. Additionnellement, en 2004, des ingénieurs anglais et indiens ont simulés un séisme de magnitude 7.8 sur des batiments (prototypes) en bambou, et ils ont tous résisté sans domages substantiels. La résistance face aux séismes du bambou a été aussi démontré lors des tremblements de terre au Népal et en Equateur.
Actuellement, le problème avec ce matériau, c’est qu’il n’y a pas de normes de construction en vigueur qui définit complètement son application. Plusieurs professeurs notamment Kent Harries à l’University of Pittsburgh sont en train de travailler à ce sujet pour normaliser l’utilisation de ce matériau miracle.
Souhaitons que cette recherche attérisse. Ce serait un grand bien pour Haiti.
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